3 LUGLIO

 

 

 

FRANÇOIS CARTOLARI (prêtre)

 

La vie de nos Premiers Pères qui ont vécu avec St Gaspard

P. François CARTOLARI

1794 – 1846 

1. Naissance et jeunesse 

François st né à Vérone le 6 novembre 1794, dans la paroisse de St Ferme Majeur. Ses parents, Paolo et Francesca Borghetti, étaient tous les deux descendants de familles nobles et très pieux.

Lorsqu’en 1810 Bertoni vint habiter avec sa mère dans la paroisse de St Ferme, le jeune Cartolari fréquentait le Collège des Acolytes, pour ensuite fréquenter, de 1811 à 1813, le cours biennal de philosophie au Grand-Séminaire. En 1812 il reçut l’habit clérical des mains de son oncle, le Chanoine Pénitencier Cristoforo Cartolari à St Ferme ; il reçut ensuite, le 19 septembre 1812, des mains de Mgr Liruti, Evêque de Vérone, la Tonsure et les 4 Ordres Mineurs (ou Institutions). De 1813 à 1817 il fréquenta les quatre années de théologie au Grand-Séminaire avec de bons résultats, malgré sa mauvaise santé.

Outre qu’au Grand-Séminaire, l’Abbé Cartolari fréquentait fréquemment l’Abbé Gaspard à la paroisse, où il fut inscrit, avec ses deux frères, à la Congrégation de la Pureté de la Vierge Marie des Sts Ferme et Rustique au Pont. Il faisait également partie du cercle ecclésiastique d’études animé par l’Abbé Gaspard. Ainsi un lien de plus en plus fort se tissa entre les deux, comme en témoignent deux lettres de Bertoni à la Mère Naudet. 

2. Sacerdoce et entrée aux Stigmates 

L’Abbé François eut facilement de son père le « patrimoine ecclésiastique » pour toute sa vie, couvrant l’essentiel de ses dépenses, avant de recevoir les Ordres Majeurs. Ainsi reçut-il les Ordres du Sous-Diaconat le 30 mars 1816, celui du Diaconat le 22 mars 1817, et celui du Sacerdoce le 18 décembre 1818. Son cher père Paolo vit cette dernière ordination du ciel, car il mourut en 1817.

Son jeune frère Giovanni Battista suivit aussi le chemin de la prêtrise et choisit de devenir religieux de St Philippe Neri, alors que son aîné l’Abbé François entra aux Stigmates en 1822, malgré l’opposition de sa famille.

L’Abbé Gramego nous suggère le pourquoi de cette opposition : « Aujourd’hui, 4 mars 1822, M. l’Abbé François Cartolari est venu habiter avec nous. Que l’on dise ce qu’on veut… ».

Dire quoi, au juste ? Qu’il était choquant que le Seigneur François, issu d’une illustre famille, choisisse l’obscur et pauvre couvent des Stigmates. Mais le jeune Abbé François s’y était préparé par de longues méditations ; il y écrivit, entre autre, à propos « d’un riche mourant » : « Ah ! Monde orgueilleux, où ta plus grande gloire peut-elle arriver ? Jusqu’où peux-tu élever celui qui te suit ?      Tu aimes celui qui cherche tes grandes pompes ? Quant à moi, j’ai honte de les avoir malheureusement aimées ». Et l’Abbé François priait ainsi : « Mon Dieu, purifie mon cœur par la force de ta grâce ; détache-moi de toute chose créée, pour que je vive comme celui qui doit mourir à tout moment ». 

3. Engagement dans l’école et différentes nouvelles 

En 1822 la communauté des Stigmates était composée de six confrères : Bertoni, Marani, Gramego, Brugnoli, Fr. Zanoli et Cartolari.

L’Abbé François fut chargé de l’enseignement de la troisième année élémentaire, puis on lui confia la première classe de Grammaire (ou Gymnase), qui comptait 39 élèves. Le troisième niveau était le cours d’Humanité, où enseignait l’Abbé Gaspard. Mais le nombre d’élèves augmentait, ainsi que les classes, si bien que dans les années 1840 les élèves étaient 135 avec onze prêtres stigmatins enseignants. Aux anciens enseignants s’étaient ajoutés Benciolini, Raimondi, Biadego Caïner, Fedelini, Venturini. Pour compléter la communauté, en 1840, il y avait deux grands séminaristes, Lenotti et Ferrari Louis, et quatre frères : Solari François et Gaétan, Ferrari Louis et Stevanoni François.

En 1834-1835 l’Abbé Bertoni cherchait un domaine, en Valpantena, à une dizaine de km de Vérone, pour assurer l’avenir de sa « petite compagnie », mais il n’en avait pas les moyens suffisants ; il s’adressa alors à un bienfaiteur secret qui, à l’exclusion de l’Abbé Cartolari, pouvait être l’Abbé Pietro des Comtes Albertini, qui lui était très ami et fils spirituel. L’Abbé Gaspard, bien que le secret soit resté, put acheter ce vaste domaine. Il le mettra par la suite à la disposition du Pape Grégoire XVI, comme pour avoir peut-être une confirmation de la part de la Providence qu’il pouvait le garder et ainsi réaliser son projet de fonder « une petite Compagnie », à l’image de la grande Compagnie de Jésus de Saint Ignace.

Nous remarquons dans le Livre des Comptes de années 1840 plusieurs dépenses pour le domaine de Sezano de Valpantena, dont l’achat de deux bœufs pour labourer la terre et d’une grande charrette, fait par l’Abbé Cartolari. 

Le 10 mars 1843 l’Abbé Cartolari tenait un sermon pour honorer la Lance et les Pointes du Seigneur et le 17 mars suivant il prêchait sur le Sacré Linceul ou Image de Jésus. Le vendredi suivant l’Abbé Fedelini reprenait ses sermons du Vendredi. 

4. Maître dans l’explication populaire de la Doctrine Chrétienne 

L’explication de la Doctrine Chrétienne (du Card. Bellarmino), qu’on appelait « la IVe Classe », était réservée au petit peuple et on la faisait en patois véronais. Tout comte et membre de la noblesse qu’il était, l’Abbé François Cartolari excellait dans cet enseignement. Le patois était d’ailleurs la langue habituelle de nos premiers Pères à la maison, car l’italien, qui était le patois de Florence et Rome, n’était pas encore officiellement la langue nationale ; ce sera le cas après l’unité de la nation italienne en 1870 avec l’annexion des Etats de l’Eglise et, complète, en 1918, avec l’annexion de la région du Trentin-Haut-Adige.

Toujours dans les années 1840, la maison paternelle de l’Abbé Cartolari accueillit pendant trois ans les Pères Jésuites, qui ne trouvaient pas de maison ; la mère et le reste de la famille de l’Abbé François, tout heureux, se contenta d’une petite partie de la maison. 

D’après le témoignage du P. Zadra, de peu postérieur à cette première période où le P. Fondateur était encore vivant, nous avons cette belle synthèse : « Nos premiers Pères ne s’occupaient pas seulement de l’école, mais aussi de la prédication ordinaire, du catéchisme, de l’animation des retraites spirituelles, du sacrement de la réconciliation dans l’église à toutes les heures. A cela s’ajoutait l’assistance spirituelle et parfois l’aide matérielle aux malades et aux prisonniers. Ils passaient ensuite de longues heures dans la prière et l’étude… Oui, vraiment, ‘la gloire des enfants c’est leurs pères !’. Alors, rappelons-nous souvent des bons exemples que nous ont légués nos chers Pères et que le Seigneur nous garde, nous leurs enfants, du danger de ne pas leur ressembler ! ... ».

Et à propos de l’Abbé François il ajoutait qu’il était « vraiment un homme parfait dans toutes les vertus ». 

5. En marche vers la mort 

L’Abbé François achevait un sermon sur la mort par cette prière : « Mon Dieu, purifie mon cœur par la force de votre grâce, détachez-moi de toute chose créée, afin que je vive comme quelqu’un qui doit mourir et qui peut mourir à tout moment. Que par le détachement du monde et de ses vanités je m’assure une heureuse mort. Faites que je me prépare à bien mourir…, à accepter la dissolution de mon corps pour pouvoir être heureux comme un prisonnier qui voit ses chaînes lui tomber de ses poignets ».

Dans un commentaire du Notre Père l’Abbé François rappelait combien de saints sont au paradis ; ils sont de toute condition sociale, des fidèles laïcs, de notre ville aussi, et qui sont les protecteurs de toute sorte de professions et de métiers. Pour devenir un grand saint il n’est pas nécessaire non plus d’avoir fait des choses extraordinaires, mais il suffit de bien faire les choses ordinaires et de les faire avec amour. Il faut encore profiter de toute bonne occasion pour rendre service au prochain, en l’encourageant sur le chemin du salut.

« O Vierge Marie, aide-nous en particulier ‘à l’heure de notre mort’, lorsque, fatigués par la maladie et angoissés par la crainte de la mort et du redoutable jugement de Dieu, nous serons davantage tentés par le démon et nous aurons un très grand besoin de votre très puissante intercession. Faites que nous puissions franchir cette dernière étape en rendant notre âme, par vos mains, ‘au baiser du Seigneur’ ».        

Le 3 juillet 1846 le bon frère François « expirait sereinement dans les bras de son bien-aimé Père Bertoni ». Le P. Gramego écrivait dans sa Chronique : « Après trois jours de pénible et dangereuse maladie, la céphalée, est mort ‘dans le baiser du Seigneur’ (‘in osculo Domini’), comme un petit ange, M. l’Abbé François Cartolari, dans sa 52e année de vie, en nous laissant tout tristes, mais aussi heureux pour le parfum de ses vertus et de sa sainteté ».

Le 26 avril 1845, dix jours après la mort de sa mère, l’Abbé Cartolari avait fait son testament, en laissant un grand héritage à l’Abbé Bertoni ; « Au cas où il aurait refusé, il le laissait successivement aux Abbés Gramego, Brugnoli, Benciolini ». Le testament fut ouvert deux jours après la mort de l’Abbé François. L’Abbé Bertoni dit aussitôt : « Je ne veux même pas un centime » ; son exemple fut suivi par les trois autres confrères. Ensemble ils mirent par écrit leur renoncement en faveur de M. Antonio Cartolari, frère de l’Abbé François ; et ils y apposèrent leur signature.

Après cela, ils se rendirent à la chapelle – comme témoigne l’Abbé Lenotti – et l’Abbé Gaspard, au nom aussi des autres, remercia le Seigneur, qui leur avait donné la force de faire ce geste, et lui demanda l’amour de la pauvreté pour le suivre de près, et ils chantèrent le « Te Deum laudamus », pour lui rendre grâce.

Voici le témoignage du P. Ricardo Da Prato (+ 1872) : « Vous avez entendu ce que disait la lettre que Bertoni écrivit à Mgr Bragato à propos de l’héritage du P. Cartolari : Lui, il gardait l’héritage de ses vertus et remerciait le Seigneur de leur avoir fait la grâce de mettre dehors ses balayures : c’est ainsi qu’il appela ce grand héritage. Son cœur était vraiment détaché des choses de la terre ! ».

D’après Lenotti, ce fait eut des échos très favorables dans la ville, de la part aussi des anticléricaux, qui ne manquèrent pas de souligner par contre la cupidité de beaucoup d’ecclésiastiques, qui faisaient tout pour détourner des biens dans les successions familiales en faveur de leurs églises et couvents.

 

Necrologie

Né à Vérone le 06 novembre 1794

Ordonné prêtre le 18 décembre 1818

Entré aux Stigmates le 04 mars 1822

Mort aux Stigmates le 03 juillet 1846

Age : 51 ans 

 

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