17 FEBBRAIO

 

 

 

LUIGI BIADEGO (prêtre)

 

La vie de nos Premiers Pères qui ont vécu avec St Gaspard 

P. LOUIS BIADEGO

1808 - 1842 

Introduction 

Le P. Lenotti Jean-Baptiste a écrit une première biographie de Biadego, mais nous avons aussi d’autres sources d’information, comme les Souvenirs d’autres Pères. Nous n’allons pas traduire la biographie de Lenotti, car le style est tellement élogieux, qu’il finit par déplaire.

 

Chapitre I 

1. Naissance et jeunesse 

Louis Jacques Biadego est né le 23 janvier 1808 dans la paroisse de Ste Euphémie de Vérone de Gaetano et Matilde Rezzenenti, parents aisés et très pieux. Le père Gaetano était membre de la congrégation de la charité et, après Napoléon, commissaire chargé du partage des biens aux œuvres pieuses. La famille Biadego a donné à l’Eglise trois religieuses, deux frères franciscains et cinq prêtres, dont l’un, Jean-Baptiste, deviendra par la suite Chancelier, puis Vicaire Général du Diocèse de Vérone.

Biadego suivit le nouveau programme d’études de l’Autriche, à savoir : quatre ans de Grammaire, deux d’Humanité, deux de Philosophie. De 1816 à 1820 Louis fréquenta les classes de Grammaire au Gymnase épiscopal de Vérone, ainsi que la première année d’Humanité ; il fit la deuxième année dans le Gymnase Communal.

Biadego revint ensuite au Séminaire pour faire les deux années de Philosophie, pendant lesquelles il ressentit l’appel du Seigneur à devenir prêtre. Toujours très appliqué aux études, il obtint de très bons résultats. 

2. Les quatre années de Théologie 

En novembre 1825, Biadego commença la première année de Théologie au Grand-Séminaire. Pendant la troisième année il reçut la soutane dans sa paroisse, puis, le 20 septembre 1828, la tonsure et les Quatre Ordres Mineurs dans la cathédrale de Mantoue par l’Evêque de ce diocèse, étant vacant le siège de Vérone. Entre-temps il mûrissait son désir de se consacrer à Dieu dans la vie religieuse et plus précisément aux Stigmates.

 

3. Son entrée aux Stigmates 

 

Le P. Lenotti écrit : « Le 4 octobre 1828, fête solennelle de St François d’Assise, tout seul et de très bonne heure, le fervent grand-séminariste Louis Biadego, quittait sa maison sur la colline de San Leonardo pour frapper à la porte des Stigmates ».

A son tour le P. Gramego écrit : « Le 4 Octobre 1828, même un peu trop tôt le matin, est venu avec un grand cœur et beaucoup de bonne volonté, le sérieux et timide grand-séminariste l’Abbé Louis Biadego pour nous consoler et pour rendre encore plus joyeuse notre fête de St François ».

Naturellement le P. Gaspard l’accueillit avec joie.

Mais voici qu’arrive, le même jour, une lettre de M. Gaetano, le père de Louis, qui nous fait comprendre que le jeune grand-séminariste avait quitté la maison sans rien dire ; son père lui pardonne et lui envoie une partie de ses affaires, en attendant que sa mère lui envoie les autres. Il lui demande de prier pour sa famille. Il présente ses excuses « au très digne Prêtre Bertoni, auquel il recommande son fils, et prie les autres Pères de bien vouloir supporter sa présence parmi eux ».  

4.  A l’école du P. Gaspard 

Bertoni analyse bien le caractère et les intentions du nouveau venu, avant de l’admettre effectivement dans la communauté ; il s’occupait déjà de la formation spirituelle et intellectuelle du plus jeune Charles Fedelini, auquel il associe l’Abbé Biadego, en lui apprenant d’abord à être très docile et obéissant à la volonté de Dieu. Pour cela il faut acquérir une grande humilité, pour se laisser conduire par le Seigneur sur le chemin de la perfection.

L’Abbé Louis fait rapidement de grands progrès non seulement dans l’obéissance, mais aussi dans l’humilité et l’empressé service de ses frères, surtout des malades, dans et hors de la maison. Il rend souvent visite à l’Abbé Louis Ferrari, qui va être très malade pendant de longues périodes, jusqu’à sa mort prématurée.

D’après les exhortations du P. Gaspard, l’Abbé Louis aimait beaucoup le silence et le recueillement, selon le programme, d’être des « moines à la maison ». Il ne contrôlait pas seulement sa langue, mais aussi ses autres sens, qu’il s’efforçait de maîtriser par beaucoup de mortifications.

Les confrères constataient qu’il était très sévère envers lui-même, au point qu’il acceptait volontiers les privations de la vie austère des Stigmates, voire il en rajoutait d’autres.

Voici une note de son cahier personnel : « Les béatitudes, voilà ta vie, avec les conseils évangéliques : vie active et contemplative avec la patience. Je désire offrir ma vie (à Dieu) ».

Le P. Lenotti le considérait “le stigmatin parfait” : exemplaire dans l’humilité, le sacrifice, la prière et surtout la charité.

 

Chapitre II 

1. Ordres majeurs et prêtrise 

Le 13 juin 1829, l’Abbé Louis reçut le Sous-Diaconat dans la cathédrale par Mgr Joseph Grasser, nouvel Evêque de Vérone ; le 6 mars 1930 il reçut le Diaconat. Après les quatre années de théologie au Grand-Séminaire (1825-1829), l’Abbé Biadego fit encore trois années d’études privées sous la direction du P. Gaspard.

Le P. Fondateur écrira dans les Constitutions 56-57 que les candidats à la prêtrise soient très bien préparés et psychologiquement matures ; d’autres études pouvaient être faites après l’ordination sacerdotale. En cela aussi Bertoni suivait l’esprit de St Ignace et de la Compagnie de Jésus.

CF 56 : « …Nous pouvons dire que la Congrégation a besoin de connaître à la perfection toutes ces matières (religieuses) et langues. Bien qu'il soit difficile voire impossible que chacun puisse connaître parfaitement toutes ces choses, toutefois cela est possible dans l'ensemble de la Congrégation, et on doit rechercher l'excellence en toutes ces disciplines ».

CF 57 : « Pour cela il y aura quelqu'un ou plusieurs qui étudient chaque discipline avec un effort particulier, avec diligence et pour un temps plus long ».  

Biadego, dans l’attente de l’ordination sacerdotale, grandissait dans sa ferveur spirituelle, grâce à la prière et dans une profonde union avec Dieu. Dès qu’il avait du temps libre, il priait ou il allait adorer le Saint Sacrement.

Il écrivait dans son cahier spirituel : “1. Mourir à soi-même. 2. Il faut s’abandonner dans les bras de la Providence. 3. Il faut souffrir. 4. Il faut garder la paix”.

Il avait toujours dans son cœur et sur ses lèvres ces paroles : “Jésus, Marie, Joseph sont mes délices ».

Aux Stigmates on aimait beaucoup les Saints Epoux Marie et Joseph et on célébrait avec une grande ferveur leur fête le 23 janvier de chaque année, qui attirait aussi beaucoup des prêtres, qui venaient y célébrer la Messe ce jour-là. En 1832, on voit dans le registre des Messes 75 signatures : en ce temps-nous, comme il n’y avait pas de concélébration, chaque prêtre célébrait la Messe pour son compte et de préférence à l’autel des Saints Epoux, à partir de trois heures du matin jusqu’à midi.

Voici quelques expressions de la dévotion des Pères des Stigmates pour leurs Saints Patrons : l’Abbé Venturini considérait sa venue aux Stigmates « son entrée dans le Paradis de la maison de Marie et Joseph et ils se consacrait plus étroitement à eux, les Saints Epoux, en se considérant un pauvre orphelin « recueilli et protégé par eux ».

L’Abbé Louis Biadego se sentait lié aux Saints Epoux du fait qu’il était né le jour même de leur Mariage (23/01/1808) ; ainsi ne voulait-il « rien demander à Dieu si non par Marie et Joseph ».

 

2. Ordination sacerdotale 

Le 2 février 1832 Mgr Joseph Grasser ordonnait prêtre l’Abbé Louis dans sa chapelle privée de la Curie. Le jour après le nouveau prêtre célébrait sa première Messe d’action de grâce aux Stigmates.

Le 14 février il la célébra dans sa paroisse de Ste Euphémie. 

La première charge qu’il reçut par le P. Gaspard fut celle de l’enseignement aux enfants du primaire. Il s’y appliqua avec joie et diligence comme pour tout ce qu’il faisait, sans oublier d’inculquer aux enfants l’amour pour Jésus, Marie et Joseph.

La deuxième charge qu’il reçut, fut celle de la prédication dans l’église de Sainte Marie Antique. Bien que timide, il obéit sans faire d’objection, et encouragé du fait qu’il prêchait dans une église dédiée à sa Mère Marie.

Au début d’avril 1834, l’Abbé Louis perdit sa grande sœur, Sœur Prudence, qui était religieuse de Mère Madeleine De Canossa depuis huit ans. Par contre il fut très heureux pour l’ordination au Sous-Diaconat de son petit frère Barthélemy en décembre de la même année. 

Biadego aimait et vénérait beaucoup le P. Gaspard et c’est avec joie qu’il l’assistait, pendant des heures, dans ses fréquentes maladies et il priait pour lui.

Un hiver, le chargé de la lingerie avait oublié de lui donnait une couverture chaude pour se protéger du froid ; notre Abbé Louis ne se plaignit pas et supporta cette privation, jusqu’à ce que le confrère s’aperçoive de son oubli.

En 1838 il reçut l’autorisation de confesser, après avoir passé un petit examen et fait la Retraite spirituelle.

Le centre de sa vie spirituelle était l’Eucharistie : il célébrait la Messe avec une très grande dévotion et il rendait souvent visite au Saint Sacrement. Sa « première et principale étude était le Crucifié », qu’il contemplait longuement et qu’il désirait imiter dans « la mort à soi-même et à tout ».

Il avait lu et relu la vie de st Louis de Gonzague, qu’il s’efforçait d’imiter, mais par-dessus tout il avait un tendre amour envers Marie et Joseph, soit séparément soit sous le titre des Saints Epoux ; il inculquait cette dévotion à ses élèves. 

3. Préparation au grand départ et mort 

Sa vue commençait à diminuer, mais il ne le dit pas et il s’efforçait de faire tout ce qu’on lui demandait, parfois avec beaucoup de peine. Enfin il tomba malade de la tuberculose, provoquée sans le savoir par une vie trop austère. Il rejoignit ainsi un autre, qui était déjà malade depuis longtemps, le jeune homonyme Louis Ferrari. Entre les deux s’engagea une conversation bien étrange et spirituelle : « Qui de nous deux mourra le premier ? Le « petit » Louis prétendait que c’était lui, parce que malade avant son frère, qui à la fin le précéda dans la maison du Père.

Le lendemain de Noël 1841, l’Abbé Biadego se mit à vomir du sang. Au P. Gramego, son confesseur, qui l’exhortait à la confiance, il disait : « Pour mon compte je suis tranquille et sans souci, car j’ai tout mis dans les mains de Notre Dame : Elle y pensera ».

A partir de ce jour-là il ne put plus se lever du lit, mais il vécut encore pendant trois mois. 

Le 15 février 1842 il reçut l’Eucharistie ; il demanda ensuite pardon à tous pour leur patience à son égard et il les remercia pour tous les bienfaits reçus. En ce temps-là le sacrement de l’Extrême Onction on le donnait lorsque le danger de mort était imminent.

Le P. Gaspard lui rendit visite et le consola avec la Parole de Dieu : « Si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, si nous mourrons, nous mourrons pour le Seigneur. Dans notre vie comme dans notre mort nous appartenons au Seigneur » (Rm 14,7s).

Comme il suppliait de recevoir la Sainte Onction, car St Joseph lui avait dit qu’il allait bientôt mourir, il le reçut avec beaucoup de joie. Mais son agonie continua encore longtemps. A une nouvelle visite du docteur, il semblait mort et le docteur l’appela assez fort, mais il ne réagit pas.

Alors le P. Gramego qui connaissait bien son fils spirituel, l’invita à répéter avec lui la prière « Jésus, Joseph, Marie, je vous donne mon cœur et mon âme », et voilà le mourant se réveiller comme par enchantement, et répéter avec lui la belle prière de la remise de sa vie dans les mains de Dieu.

Au frère qui lui demandait par la suite comme il allait, il répondit doucement : « Je suis heureux ! ». 

Le 17 février 1842, l’Abbé Louis Biadego, entouré de ses confrères en prière, rendit l’âme. Il avait 34 ans. Le P. Gramego écrivit dans son cahier des Souvenirs : “Mon très cher Abbé nous a laissés tous édifiés pour sa sainte vie et son heureuse mort »

 

Nécrologie 

Louis Biadego, prêtre.

Né à Vérone le 23 janvier 1808

Entré aux Stigmates le 4 octobre 1828

Ordonné prêtre le 12 février 1832

Mort aux Stigmates le 17 février 1842.

Age : 34 ans. 

 

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